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Les patines des silex |
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Auteur : Neander le 15/03/2008 23:07:24
n°64112R60 - Quadrature du cercle! |
Il y a tellement de causes possibles entre usure brusque avec ébauchage et polissage et usure douce avec lustré, chauffage, altérations diverses fonction des terrains et milieux de séjours, variabilité fonction de la nature minérale du lithique et de ses comportements... qu'il est improbable de trouver une 'équation universelle' des patines. Les changements de couleurs dans les patines par rapport à la roche d'origine sont liés aux changements d'états des minéraux qui se transforment par désilicification ou décarbonatation ou chauffage anthropique au sein même de la roche ou à l'inverse apports du mileu extérieur : concrétionnements ou hématisation, fluides à la surface de contact roche et milieu extérieur.... Les conditions de nature et de dépôt étant infinies, les couleurs obtenues sont elles mêmes diverses. Les couleurs ne sont quant à elles que très secondaires dans les processus d'altération de la roche qui s'appliquent... La couleur n'étant dans beaucoup de cas pas un paramètre d'étude fiable....La couleur reste donc largement et souvent accessoire...
Les principales réactions qui induisent ces changements d'états sont d'ordre physico-chimiques et biologiques et sont très diverses : météorisation, altération, dissolution, desquamation, solutions diverses des nappes de battement des nappes phréatiques, action des acides humiques et fulviques, du fer, du manganèse....actions anthropiques: chauffage, apports de subsances en labours: marnage, chaulage, purins, engrais, substances diverses, charrue, concassage, hersage, assolement ou pas....
Une étude exhaustive parait improbable vu que pratiquement chaque état observé est un cas d'étude différent.... La chimie seule n'explique pas tout, loin s'en faut. On discerne des grands groupes cependant : frittage et rubéfactions par action de la chaleur, lustrage et abrasions de polis d'utilisation, altérations par modification de l'état de surface des artefacts par départ de Ca ou Si..., concrétionnements divers... Voilà en gros les principaux types de polis et patines observables, que j'ai pu constater en 15 années de déterminations pétrographiques dans le cadre de déterminations et sous réserve d'en voir de nouveaux toujours possibles dans un contexte particulier ou de cumul de ces différents paramètres rencontrés.
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Auteur : Neander le 15/03/2008 23:29:06
n°64112R61 - Conclusion |
En conclusion la chimie des patines n'est pas trop ce que le préhistorien ou l'archéologue examine, ce qu'il souhaite c'est de savoir qui l'a produite et dans quel contexte, et si elle est naturelle ou anthropique. Pour le reste même en étant un expert très 'pointu', il faut savoir ne pas trop vouloir embrasser pour ne pas perdre de vue l'objet d'étude... et rester dans les clous... C'est mon avis de géologue pétrographe et préhistorien paléolithicien, justement à l'interface de ces diverses disciplines.
L'apport de chaque spécialité est à prendre en compte si toutefois elle est discriminente pour l'objet d'étude et les questions de départ posées par l'étude. Je ne pense pas que le Saint-Graal de la connaissance des patines se trouve du coté de la chimie des couleurs des patines très varibles et rarement significatives, mais du coté de l'expérience de ceux qui tentent de les classifier fonction des groupes qui reviennnent régulièrement comme exposé précédemment ! Maintenant chaque spécialiste va tirer la couverture à soi et invoquer l'apport majeur de sa spécialité.... Je crois que l'archéologie scientifique reste largement interdisciplinaire et progresse de l'expérience acquise par le nombre d'artefacts étudiés et observés. Je fait simplement part de procédés et modes opératoires empiriques choisis sur des bases d'études typologiques, structurelles et textuelles prises en commun avec des collègues archéologues suisses pour l'étude de lithiques de grandes stations...Il faut savoir raison garder : c'est l'objet de toute étude.
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Auteur : Neander le 15/03/2008 23:42:52
n°64112R62 - Lampe Ă huile |
Les lampes à huile et bougies ça peut aussi éclairer, surtout en cas de panne de courant... J'en ai fait l'expérience ! ça aide ! Chercher en pareil cas à savoir pourquoi la bougie est bleue ou verte ou rouge est bien secondaire... L'essentiel c'est de l'avoir il me semble?
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Auteur : Neander le 16/03/2008 00:13:32
n°64112R63 - Un ptit truc : le bleutĂ© ! |
Le bleuté des silex par exemple les meusiens de Saint-Mihiel ou d'autres lieux sont dus à la superposition des couleurs non altérées et altérées : le gris clair à cendreux du silex non altéré est recouvert par le cortex de désilicification beige à crème qui ternit et opacifie peu à peu la roche... La superposition des ces deux couleurs dans les premiers µm de la surface donne l'illusion de bleuté par endroits... Il s'agit d'illusion....
On dit tous pourtant un silex bleu...!
Ah oui tant que j'y suis ! La réfraction et réflexion de la lumière jouent un rôle majeur dans les couleurs de surfaces des artefacts lithiques débités à surfaces courbes qui sont souvent à éclat gras, brillant ou à surface semi-translucide à mat...Il ne s'agit là pas de chimie mais bien de physique pure... les silex sont très particuliers décidément !
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Auteur : Neander le 16/03/2008 00:22:32
n°64112R64 - Bon dernier et j'arrète ! |
Cas du silex chauffé et fritté, microfissuré ou à cupules de chauffage.
La chauffe modifie la couleur et induit une réfraction autre --> d'ou le changement de couleur...les fissures diffractent la lumière de façon plus inégale ce qui donne l'impression de plages de couleurs changeantes dans la roche translucide...
La chauffe ternit les silex Ă forte teneur en calcite... (cas du gypse)
La chauffe permet de libérer le fer inclus par oxydation et le diffuse dans la roche d'ou la coloration rouille souvent observée (fer ferreux inclus --> fer ferrique sous forme d'hématite)
Il y a encore moultes éléments qui interviennent par exemple le dépôt des silex en milieu de foyers (feu) et les colorations par imprégnations rouges ou noires ou jaunes par séjour dans ces contextes....Tout ça sans chauffage !
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Auteur : Neander le 16/03/2008 11:37:47
n°64112R65 - Autres paramètres |
Un ami du pays des quiches me donnait ce matin le contexte de dépôt de silex à patines diverses....
- le temps d'enfouissement et le lieu de dépôt est primordial à quelques mètres près : enfouis, resté en surface, à l'air, enfouis puis ayant été ramené en surface, enfouis depuis très longtemps avec départ de matériel constitutif...., dans des gravats, loess, terres, argiles.....
- la qualité même du silex varie beaucoup et donc les patines varient en fonction : chaille, silexite, silex calcédonieux, silex +- siliceux, gypseux, calciteux..., silex colorés à l'origine ou imprégnés ou translucides, silex semi-opaques à opaques...
- les paramètres optiques des silex infuencent aussi la couleur de surface constatée (cas des silex limpides et translucides, semi-opaques, à éclat gras, nacré, ou brillant....)
Comme dit dès le départ, il n'y a pas qu'une seule explication seulement chimique et constitutive, le milieu de séjour et ses apports, les facteurs de l'érosion des roches physico-bio-chimiques influent aussi... Selon l'épaisseur de la patine, les paramètres optiques changent dans les silex semi-opaques ou translucides...
C'est un tout dont on doit tenir compte quand on prend l'artefact en main...Voilà pourquoi il y a tant des possibilités diverses...
Neander
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Auteur : Ovny le 17/03/2008 07:53:00
n°64112R66 - Pate in |
[1219] Bonjour Ă tous ,
Merci a Néander pour ces brillantes explications (lampe à huile oblige mais à la puissance d'un néon)
C'est effectivement très complexe , je résume :
l'étude de la patine ne permet pas une classification simpliste des outils .(on aurait bien aimé !!!!)
Cordialement,
Ovny
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Auteur : heidelbergensis le 17/03/2008 08:39:29
n°64112R67 - Merci NĂ©ander |
[888] Merci néander pour ces explications précises et trés détaillées!!!!!!!
Néander c'est du travail de pro!
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Auteur : Neander le 17/03/2008 13:08:30
n°64112R68 - Salut les gars ! |
Merci à vous pour votre passion pour le lithique qui est notre art de vivre. Ah ramasser un 'caillou' et l'observer, le comprendre et l'admirer, taillé ou pas... J'ai toujours une pensée pour Dame Nature....
Cordialement Neander
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Auteur : JCT le 22/03/2008 16:48:34
n°64112R69 - Couleurs interfĂ©rentielles |
[323] Bonjour à tous, et à Néander,
D'abord, mes excuses , Néander, si je n'ai pas très bien compris ce que tu explique à propos des couleurs bleues de certains silex.
Les seules couleurs , pour moi, qui soit dues à des couches de faible épaisseur (de l'ordre du µ, couleurs interférentielles) que l'on trouve parfois dans les champs sont celles que l'on rencontre parfois sur des morceaux de verre. C'est facile à reconnaitre à l'aspect un peu réfléchissant comme une argenture sur un miroir.
Pour ce que tu dis des silex recuits et des microfissures, je suis intrigué. Cela m'intéresserait beaucoup si tu avais des informations précises sur ce sujet (biblio). Pour moi, il faudrait que ces fissures soient parallèles et aient une périodicité régulière (serait-ce le réseau cristallin?). Ce pourait aussi être dû à une granulométrie très fine de l'ordre du µ ou moins (comme le bleu du ciel, par ex.). Le problème, c'est que dans le cas d'une structure périodique, on devrait obtenir des couleurs pures, comme celles de l'arc en ciel...
J'y crois assez peu.
Pour le reste ce sont toujours des teintes dans la masse dues aux migrations minérales des milieux en contact avec la surface du silex ou à des transformations chimiques dues à la chaleur pour les silex chauffés.
Evidemment, on peut en découvrir tous les jours, mais sur le plan de ces aspects de la physique des phénomènes optiques, que j'ai étudié à fond dans ma jeunesse, je suis assez sûr .
Mais peut-ĂŞtre, n'ai-je pas bien compris,
Cordialement,
JCT
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