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Auteur : Marsupilami le 24/08/2005 11:37:17
17528R0 - Souvenirs d'enfance
Je me souviens d'un temps pourtant pas si ancien que cela, ou la télévision n'était pas encore entrée dans toutes les demeures pour nous abrutir à coups d'émissions débiles et de pubs agressives. Dans mon Ardèche natale, les habitudes n'avaient pas changées et, depuis des siècles, les veillées avaient gardées tous leurs attraits. Elles commençaient dans les premiers jours de novembre, le travail dans les champs étant achevé, la Toussaint passée, les paysans se réunissaient autour d'un feu dans ces gigantesques cheminées capables de brûler un tronc d'arbre entier. Il faut dire que l'âtre occupait en général tout un pan de mur et on était, pour ainsi dire, assis dans le foyer. On profitait de ces moments là pour réparer les outils endommagés, affûter les faux et les serpes pour le printemps prochain ou changer un manche cassé que l'on confectionnait à partir d'une branche que l'on avait pris soin de couper l'hiver dernier afin qu'elle sèche tranquillement . Cela commençait toujours de la même manière, les vieux s'installant les premiers tandis que déjà, montait l'odeur appêtissante des châtaignes en train de rôtir sur le feu dans ces poêles spéciales, percées de gros trous pour que la flamme puisse venir lécher et noircir le fruit. Dehors, la nuit était tombée depuis un long moment et il flottait dans l'air ce goût métallique annonciateur des premières neiges de l'hiver. La burle, ce vent du nord glacial qui balaye les hauts plateaux ardéchois s'essayait doucement avant de se lancer dans son galop furieux qui allait durer plusieurs mois et faire monter les congères à la hauteur du toit des maisons, remparts rêtus qui contenaient tous les assauts. Elle était déjà assez forte pour que les tuiles à loups fassent entendre leurs chants lugubres et, bien malgré nous, nous tendions l'oreille pour écouter cette plainte qui nous avertissait d'un danger d'une autre époque. Quel que soit notre degré de civilisation, l'homme a gardé au fond de lui cette peur atavique du prédateur....
Du haut de mes six ans, je venais m'asseoir d'autorité au milieu de ces hommes rudes marqués par le temps, le travail difficile et ce pays ingrat. De mon grand- père, j'ai le souvenir de deux yeux d'un bleu profond au regard tolérant au-dessus d'une grosse moustache blanche qui masquait un sourire, le tout surmonté d'une casquette poussiéreuse qui ne quittait jamais sa tête. Quand les châtaignes étaient cuites, nous les décortiquions en nous soufflant sur les doigts car elles étaient brûlantes. Souvent, mon grand-père venait à mon secours et les épluchait à ma place, le cal de ses mains de paysan le protégeant de la chaleur. Un petit vin de pays remplissait des verres déjà bien culottés et, de temps en temps, je pouvais en boire une minuscule gorgée qui me donnait l'illusion d'être l'égal de ces hommes qui me souriaient avec amusement et bienveillance et qui m'acceptaient comme l'un des leurs, ce qui ne me rendait pas peu fier !. Puis, ensuite, les châtaignes mangées et le vin bu, nous nous installions confortablement, hommes et femmes confondus, et les conteurs commençaient doucement à parler de légendes si anciennes qu'elles se perdent dans la nuit des temps. Assis sur les genoux de mon grand-père pour libérer une chaise supplémentaire, la tête dans le creux de son épaule, je sentais sa barbe drue me picoter légèrement le front et j'écoutais paisiblement ces contes qui me parlaient de mes racines ancestrales. Invariablement, il y avait des histoires de fantômes et de revenants qui m'impressionnaient tant que le moindre craquement me ferait sursauter quand je serais dans la solitude de ma chambre après la veillée. Mais il y avait aussi les histoires de trésors, de princesses captives et de bandits de grands chemins ou de héros au coeur pur qui volaient aux riches pour redistribuer aux pauvres. Et, bien sûr, il était question de trésors fabuleux enfouis dans des lieux tenus secrets et qui attendaient qu'on aille les récupérer, de bijoux tout en or rehaussés de pierres précieuses qu'une princesse traquée avait cachés à la hâte dans les souterrains de son chateau ou de coffres regorgeant de pièces qui feraient la fortune de son heureux inventeur.
Ce temps s'est enfui et il est bien loin maintenant. Le petit garçon a grandi et la vie s'est chargée de lui faire perdre sa naïveté qui lui permettait de croire aux légendes qui le faisaient rêver. Pourtant, quand je sors mon détecteur, j'ai cette impression étrange qu'un gamin de six ans marche à mes cotés, les yeux écarquillés sur un monde tout neuf et plein de mystères. Je repense souvent à ces moments privilégiés et à mon grand-père qui n'a pas eu le temps de tout m'apprendre de la vie et qui est parti trop vite un beau matin de printemps plein de chants d'oiseaux et d'arbres en fleurs. Il a emmené avec lui un bout de mon ciel bleu et une partie de mon enfance. Le chagrin d'un enfant vaut celui d'un adulte....Depuis, mon père a rejoint son père et ils m'attendent. Alors, je crois qu'au fond de nous, comme Saint-Exupéry et son petit prince nous avons tous un enfant aux grands yeux rêveurs qui nous hante et c'est sans doute pour cela que nous arpentons inlassablement les champs et les forêts à la recherche d'un hypothétique trésor. A l'image des chevaliers de la table ronde d'autrefois, nous recherchons notre Saint Graal et, tout comme eux, nous ne le trouverons jamais. La vie, jour après jour, s'écoule doucement, la frénésie faisant place peu à peu à la sérénité. Ce que nous recherchons n'existe pas et ce que nous voulons n'existe plus. Nous voulons retrouver notre enfance insouciante remplie de merveilles et pour cela, nous chechons l'élixir sacré, la fontaine de jouvence qui nous ramènerait en arrière mais tout ceci n'est que chimères. Avant d'allumer votre détecteur à la prochaine sortie, prenez le temps de vous interroger sur vos véritables motivations et sondez jusqu'au tréfond de votre âme, vous y trouverez un enfant qui sommeille et qui attend désespérément ce retour tant souhaité. Chaque morceau de métal que nous faisons ressurgir de terre, pitoyable témoin d'un passé révolu à jamais, s'il nous donne parfois de la joie, laisse aussi un arrière-goût d'insatisfaction. Ce n'est jamais ce que nous convoitons inconsciemment. Bientôt, ce sera mon tour de prendre un enfant par la main pour lui montrer et lui apprendre tout ce qu'un grand-père peut lui enseigner, avant de lui céder la place sur cette terre. Mais un proverbe arabe ne dit-il pas que le fils de ton fils t'apporte l'immortalité en venant au monde?
Pourtant, je sais que demain, quoi qu'il m'en coûte, je reprendrais ma quête inutile et vaine. Demain, je continuerai à fouiller les moindres recoins dans l'espoir fou de trouver 'le passage'. Demain, comme moi, vous promènerez votre détecteur en vous demandant s'il n'existe pas une chance, aussi minime soit-elle, de retrouver vos six ans. Mais le temps coule....lentement......inexorablement......
Houba
 
Auteur : max01 le 24/08/2005 11:53:39
17528R1 - reponse a marsupilami:
marsu tu deviens poête tu dit la dure realité mais ce que tu a veçu tu doit le transmettre a ceux qui te suivent tu le prouve en nous le racontent je t'en remerçie bonne detection a+++++


 
Auteur : vulgum le 24/08/2005 11:59:31
17528R2 - ... snif
Bonjour

Très joli moment de nostalgie, merci Marsu. Tant qu’il nous reste une étincelle d’enfance tout n’est pas perdu.

vulgum

 
Auteur : petiteabeille le 24/08/2005 12:12:17
17528R3 - le ménestrel
Bravo, Marsu, pour tes talents de conteur ( la tradition se perpétue) et merci encore pour cette bouffée de poésie, qui analyse si bien 'la quête du prospecteur'!
 
Auteur : lofofolive le 24/08/2005 17:10:29
17528R4 - .
comme toute belle histoire un peu longue au debut mais rapidement l emotion gagne tu as raison en tout cas pour ma part c est renouer avec mes reves d enfance que de faire de la detection et voir meme retrouver des sensations de cette periode, nous ne sommes pas les seul je pense...
 
Auteur : furax81 le 24/08/2005 18:34:53
17528R5 - merci marsu...
......merci a toi Marsu pour ton post qui nous concerne tous plus ou moins...
l' autre jour je suis aller faire un tour sur les champs que je parcourais lorsque j' etait un petit enfant et que je n' avais plus fréquenter depuis pres de 30 ans !!!!
tu peut aisément imaginer les souvenirs qui ont parcourus mon esprit , car comme tu le dit dans ton post , nous sommes tous ,quelque part , à la recherche de notre enfance a travers notre passion.
je n' ai pas la facilitée d' exprimer par mes mots ce que j' ai ressentis mais je vient de le réaliser a travers ton post!

au plaisir de te lire a nouveau Marsu ....

@+ Furax
 
Auteur : fredofly le 24/08/2005 18:51:18
17528R6 - et oui
c'est tout Ă  fait l'esprit qui nous guide... ha, si jeunesse savait, si vieillesse pouvait... merci marsu.
 
Auteur : arnold le 24/08/2005 22:09:05
17528R7 - Ă©motion
Je n'avais pas encore lu ce très beau texte émouvant
Merci marsu , ton histoire,si bien contée, m' a touché profondément...

La tuile à loups...ça me rappelle un téléfilm qui m'avait captivé étant enfant...avec Paul le Person je crois..et qui était passé à la télé il y a ..+de 30ans (Gasp ! )

 
Auteur : puikoiencore le 24/08/2005 22:29:03
17528R8 - Belle histoire...
Nous pourrions peut-être nous regrouper tous enfin de transformer cette histoire en pièçe de théatre.
Des anciens, ce n'est pas ce qu'il manque sur le forum...
Vir pourrait peut-ĂŞtre s'occuper de la partie musicale et Monique nous apporterait des tartes aux abricots et aux framboises.
Michel ferait le grand méchant loup et DP...et bin il n'a qu'a nous ramasser des chataignes.

Moi, je veux bien faire le grandpère. J'ai les yeux bleus, des moustaches aussi, puis le passage sur le petit vin de pays, me convient parfaitement! Mais.... je ne sais pas si je vais te supporter sur mes genoux, ta tête dans le creux de mon epaule en plus?
A plus amigo.
 
Auteur : G's Phil le 24/08/2005 22:29:20
17528R9 - j'ai commencé à lire ce post...
avant de manger ce soir, je n'ai pas pu le lire totalement !!!...
Je me suis promis de le lire à tête reposée , ce que je viens de faire ...
j'ai essayé de le lire entre les lignes en laissant mon imagination se méler à ces traditions anciennes, relatées aussi par mon Grand père...sur des histoires similaires à celles détaillées par ta plume...
Continue à nous faire rêver, ou plutôt, à nous remettre un peu en question, sur les motivations qui nous poussent à accomplir notre passion...continue par ton imaginaire, à nous faire prendre conscience que derrière nous, notre passé est toujours là, n'oublions pas que nos anciens nous ont laissé un pouvoir, celui de vivre ...et de se rapeller justement de ces anecdotes qui font que les légendes ne disparaitrons jamais !!!

 
Auteur : Marsupilami le 25/08/2005 14:46:07
17528R10 - Oui Phil,
Ce texte m'a été inspiré par un petit garçon, mon premier petit-fils, qui sera parmi nous dans deux mois et qui portera le même prénom que mon grand-père. Ainsi, la boucle est bouclée. Qui a dit que tout est hasard ???!!
Houba
 
Auteur : Virginie le 25/08/2005 15:16:07
17528R11 - C'est magnifique...
Du très bon Marsu!!!!
J'imagine la veillée, les histoires qui font peur, et le vent glacial hurlant, au-dehors, dans la campagne... tout ce que j'aime! Et les châtaignes aussi!!!
Tu vois, c'est pour ça que j'adore l'hiver, c'est exactement ça, un goût d'autrefois.... sans jamais pouvoir l'atteindre, en effet...

Vir
 
Auteur : monique le 25/08/2005 15:55:59
17528R12 - merci Ă  toi Marsu, encore une fois ...
difficile de revenir 'les pieds sur terre' comme on dit ... après avoir lu ton texte ..... La recherche du passé, tout comme celle d'une hypothétique vie ailleurs dans l'univers, c'est la recherche d'un monde perdu, celui de l'enfance comme tu l'as si bien décrit. L'émerveillement devant toute chose, l'entourage protecteur...
Ce matin je voyais 3 petits enfants qui jouaient tranquillement, j'ai pensé : 'qu'ils ont de la chance' ....

Bises
Monique





 
Auteur : Alex le 25/08/2005 17:04:25
17528R13 - Oui
Les longues soirées d'hiver sans télé, et le grand père partant en velo au vilage en esperant trouver un medecin et un peu d'antibiotique pour soigner une plaie infectée..non sans dec vous vous trouvez pas bien maitenant? c'etait le moyen age en france il y 60 ans!

 
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