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Auteur : philippe le 05/11/2020 10:39:01
140455R0 - rando-moto-solo
Comme évoqué dans le poste de bidouille je raconte ici une rando moto solo d'enfer. Pour le plaisir de partager...


Lundi 2 septembre,
jour de rentrée scolaire, j'ai hésité entre aller au collège - comme d'habitude - et une grande randonnée en moto. J'ai choisi d'aller en moto solo de Dole (jura) à  Menton (méditerranée) par la route jalonnée de cols. La route des grandes Alpes. Chargé comme une bourrique avec de quoi dormir - de quoi se préparer à manger - se laver - un peu - de quoi se protéger de la pluie - de quoi lire, une clé de 24, une clé Allen de 6, du fil de fer, une pince et un marteau. Je n'ai pas pris beaucoup de vêtements et j'ai oublié une brosse pour les laver. Alors je porterai chaque vêtement un jour sur deux, l'affaire est faîte, imparable. Ou fête. Ou fette. Ou faite ? Donc pour fêter ma retraite, lundi, partant du Loir-et-Cher je file dans le Jura, à Vincent, entre Rye et Pleure. Je n'invente rien. Pour arriver dans le Jura, j'ai utilisé une autoroute qui semble récente, un grand boulevard où j'ai roulé seul, une sensation d’être le dernier. De pauvres aires dénudées à l'herbe brûlée, aux poubelles vides. Un moineau tout fripé solitaire. J'ai pu tester l'inadaptation de ma monture aux grandes vitesses, le grand phare rond m'envoie des turbulences insupportables, ma tête ballote dans tous les sens, ok, va pour 130. J'avais oublié. Arrivé dans le Jura, tout est vert, incroyable, partout ailleurs tout est brûlé ! Je suis accueilli comme un prince par Christine et Dominique. Tremplin pour les cols.

Mardi 3,
c'est parti, après la campagne et ses jolis petits villages je monte le Col de la Faucille, ça commence à sentir bon la montagne tournicoti - tournicoton - ça tournicote et c'est  bien bon ! Au col, double expresso en écoutant le serveur me raconter les deniers accidents de moto. Puis c'est Genève, ça sent la bagnole. Le jet d'eau est en panne. Petit camping en bordure du lac Léman, à Sciez, petit port, petite plage. Petit campeur esseulé. L'incroyable volupté de s'allonger en étoile dos contre le goudron chaud du terrain de tennis désaffecté.

Mercredi 4,
plein sud, les gorges du pont du diable, le Col des Gets, le Col de la Colombière (à Cluses deux collégiennes m'ont indiqué le chemin, « c'est là-bas, entre les deux montagnes » - le souci c'est qu'il y en a partout des montagnes...), le Col des Aravis, la descente, plutôt sympa. Puis, c'est l'escalade vers le Col des Saisies. Ça devient bientôt difficile car un camion rouge flamboyant joue avec moi, me colle aux sacoches, son moteur est puissant et il a plein de roues, il connaît la route par cœur le bougre. Dès que j'essaie de lui échapper, il me rattrape pour me coller à nouveau. Chargé comme je le suis je ne sais pas quoi faire, les lacets à droite sont difficiles. Je pense à DUEL (Steven Spielberg, 1971), ça ne me rassure pas du tout. J'attends les Saisies et ses giratoires où je pourrai le semer. Arrivé sur le plat du col, je le vois enfin disparaître dans mes rétros … Descendre maintenant. Autres paysages. Avant d'engager la descente vers Beaufort, au village d'Hauteluce, je ne résiste pas à l'envie de grimper au Col du Mont Joly, 15 ans de classe de neige là-haut. Je m'en vais aussi sentir le cul du Mont-Blanc l'été. A part des vaches, il n'y a pas grand monde sur les pistes. Allez, retour par Hauteluce, en avant vers Beaufort, c'est tout en bas, je ne peux pas me tromper ... 1300 mètres de dénivelé ! Bivouac.

Jeudi 5,
à Beaufort il pleuviote ce matin. Merde ! Je traînasse dans la ville, les locaux sirotent en terrasse, à l'abri des stores, des cars de retraités visitent le fromagerie, tous en bermuda et sandales ajourées, déprimant, j'ai leur âge. Suis bien content de faire les cols à mobylette, à tournicoter de courbe en virage ... Peut-être qu’un jour, quand l'heure sera venue, je visiterai la fromagerie de Beaufort. Bon, rien à voir mais j'ai trouvé l'organisation idéale pour l'alimentaire, un demi melon le matin, un demi melon le soir, deux gâteaux (max de beurre et de sucre) et un sandwich sur la journée. Et du boire, de l'eau, on ne change pas une équipe qui gagne. Et moi qui craignais ne plus savoir conduire une moto à jeun, mais c'est possible ! Deux nuits au camping municipal Domelin, à écouter le chant de la rivière, les clochettes des chèvres (on ne fait pas que du fromage de vache à Beaufort …), et le ouh ouh des petites chouettes. Mon voisin de camping est lui aussi solitaire, de son auto il sort une cagette plastique bleue, sur laquelle il pose une théière, une tasse et sa soucoupe, une chaise plastique d'enfant dans laquelle il s'assoie paisiblement, il est maigre, ça tient dans la chaise. Lui est marcheur. A la journée, son petit sac à dos. On ne se comprend pas mais on se fait plein de sourires. Je ne suis pourtant pas fort en sourire. La montagne doit détendre. Ou la moto.

Vendredi 6,
journée minérale, direction le Cormet de Roselend, lac, eau et pierre, puis Bourg-Saint- Maurice, le Col de l'Iseran, le Col de la Madeleine, le Col du Télégraphe, le Col (je n'invente rien), le Col du Galibier, montée incroyable, paysages d'enfer, puis, le Col du Lautaret, qui, mine de rien, avec ses 2000 mètres, va me poser des soucis. Dès la bascule sur l'autre versant c'est un vent fou qui me gifle, me donne des coups, tente de me déséquilibrer, la tempête, des rafales de monstre, qui claquent et tourbillonnent, ça cogne dans tous les sens, je dois m'arrêter en plein lacet ! Je pose mes deux pieds à plat au sol et je respire profondément, calmement, et je repars. Quelques lacets plus bas il n'y a plus un souffle d'air. Je file et je roule et je chante. Briançon ! Halte ! Coup de patin, on s'arrête, stop ! Et c'est alors le meilleur chocolat chaud du monde au Plan B, café restaurant, non loin du départ de la route du Col de l'Izoard. Ce chocolat m'a rendu à la vie ordinaire car en entrant dans la salle, je ne savais plus parler, plus marcher, j'arrivais d'un monde parallèle … Après Bourg-Saint-Maurice, en commençant la montée vers le Col de l'Iseran, paysages fantastiques, je voyais bien que je montais vers un nuage mais je me plaisais à rêver, que si ça se trouve, le sommet était au dessous du nuage ou au dessus du nuage. Mais la brume est devenue de plus en plus dense, j'y voyais de moins en moins devant moi, j'ai eu le mauvais réflexe – une seule fois – de mettre plein phare, un mur s'est alors dressé devant moi. Arg ! Dans ce cas, il s'agit de ne pas quitter le ruban de goudron, c'était aujourd'hui la règle du jeu, car à coté c'est le vide. Que les Ponts et Chaussées soient loués, tous les dix mètres il y a un point blanc au milieu de la route. Quand on est à un point, il suffit de rejoindre l'autre, c'est tout ballot ! N'ont pas pu relier les points par une ligne blanche, la peinture à route est sans doute un peu cher pour les caisses du département. En avant, c'est d'abord une bruine d'eau, puis du grésil et enfin de la neige au col. On est deux ou trois motos serrées là, sur un bout de goudron, sans savoir ce qu'il y a devant ou derrière, en haut ou en bas, en dessous ou en dessous. Pied à terre – attention ça glisse - je tourne sur moi même, en évitant soigneusement d'avancer dans une quelconque direction. Je ne vois pas les pilotes, je ne vois que des fantômes de machines, dans le tout petit espace encore un peu transparent, quelques m² ... Sont peut-être partis reconnaître en dessous. Bon, il suffit peut-être de redescendre de l'autre côté pour trouver du visible. J'ai un peu mal au cœur, la nausée, de celles qu'on subit lorsqu'on skie dans le brouillard. C'est cette nausée qui me décide à poursuivre, à plonger vers la prochaine vallée. C'est parti et YES, quelques lacets passés en seconde à gauche, en première à droite, et j'y revois. Court répit et merde ! Tout au bout de la descente j'arrive à Bonneval-sur-Arc, il pleut, une vraie pluie comme chez nous, bien drue, en continu. Je m'installe à casser la croûte dans un abri-bus dépourvu d'ado, tous au collège ou au lycée, morceau de sandwich jambon cru – fromage de beaufort et Paris Brest crémeux. Et là, je réfléchis bien dans ma tête. Partir ou ne pas partir, je me dis qu'en montagne la météo est souvent bien différente d'un lieu à l'autre et je tente ma chance, je pars. Arrivé à Saint-Jean-de-Maurienne, c'est grand soleil, j'en chante dans mon casque, en fait je chante toujours dans mon casque, je n'embête personne. Bivouac à Briançon, au camping des Trois Vallées, 18 étoiles ! Sous les sapins j'ai installé un piège à filles devant ma tente, deux pots de géranium mais ça n'a pas marché. J'adore prendre le temps de planter ma tente le soir, d'organiser la nuit, et de déplanter le matin, préparer le voyage du jour. Je fais tout ça tranquillement, cela me pose, me relaxe. Cela me réapprend à marcher, on peut oublier vite à moto. Tournicoti  - tournicoton …

Samedi 7,
direction le Col de l'Izoard, le Col de Vars puis celui que j'attends et qui semble possible au regard de la météo, le Col de la Bonette, sur la plus haute route d’Europe. Ensuite ce sera le Col de Raspaillon, il faudra longer la Tinée et ses gorges puis quitter ce val pour rejoindre la Vésubie. Beaucoup de motards à l'Izoard, des motards de mon âge, cuirs italiens et allemands, BMW, pas de bagages, une carte bancaire et c'est tout. Je suis un peu jaloux, ça doit être sympa de rouler léger dans tous ces virolos. Pause dans la vallée de l'Ubbaye, à La Condamine-Chatelard. Fontaine et soleil. Repos sur un muret de pierres chaudes. Adorable boulangère qui me vend pizza et gâteaux excellents, qui m’emmène fouiller dans son garage à la recherche d'une clé à molette pour resserrer mes rétros qui gigotent. Après Jausiers, c'est parti pour la Bonette, et plus je monte, après chaque virage, c'est des 'ouah !! - c'est des 'ouh la la !!!', des 'oh', des 'putain de putain !!!  c'est des 'oups !», des 'non !!!............'. Je vois pas mes yeux mais je suis sûr qu'ils brillent comme ceux d'un gamin devant son sapin. Je me suis fait un sacré cadeau là ! « Ah la vache une biche !», « Ah la biche une vache !», une biche, devant mon nez, à la sortie d'une jolie courbe, une biche traverse en plusieurs bonds, prêt à tout j'attends ses frères et sœurs. Nada, ouf ! C'est un rappel à l'ordre, gaffe ! Arrivé au Col de la Bonette, plein soleil comme pendant toute cette escalade, on est plusieurs motards à écarquiller les yeux devant le spectacle des montagnes qui nous entourent et du mince fil de la petite route qu'on vient d'emprunter et que l'on va poursuivre... Comme ils disent dans la montée : « attention cette route est une route de haute montagne qui n'est pas sécurisée ». La descente de la Bonette est incroyable, jubilation, cris, quelques lacets difficiles et c'est le bonheur ! Des paysages d'enfer, des courbes délicieuses sur un bon goudron ... Mais je regarde aussi la route de temps en temps, pas fou le garçon, je n'ai qu'une retraite, faut pas là gâcher… Je quitte les gorges de la Tinée à l'endroit où je peux rejoindre la Vallée de la Vésubie, direction l'est, direction le Col Saint-Martin et direction … un putain d'orage qui semble s'installer sur les montagnes devant moi, qui butte sur les crêtes mais qui semble prêt à basculer sur moi. Ça ne rigole plus du tout, c'est sur ce parcours que j'irai le plus vite, ma moto devient avion, je touche à peine le sol, je fonce, tournicoti, j'accélère, tournicoton. J'ai perdu d'un coup ma timidité, j'use mes plaquettes, je ne les ménage plus et la moto est d'accord ! et les virages sont d'accord ! Quel pied ! L'orage est resté bloqué par les crêtes et quelques gouttes atterrissent sur mon casque, toc … toc … toc … Dix-sept gouttes en tout. Je choisis de m'installer dans un camping « à la ferme » à Saint Martin de Vésubie, un verger plutôt, un verger en terrasses, plutôt joli, plutôt cher. La « fermière » me propose un bel emplacement, je suis ok, à l'ombre d'un joli poirier. Je décide de manœuvrer chargé dans ce tout petit espace. Perdu ! la moto m'échappe à droite et je ne peux que ralentir sa chute. Mon dos frappe violemment le sol, je crie. Trois costauds viennent me dégager car j'ai le pied coincé. Ils paraissent inquiets et me demande si j'ai besoin des pompiers. Je reste allongé et je vérifie mentalement qu'il n'y a pas trop de casse. Non. Excellentes chaussures ! Quand je pense qu'il m'arrive de conduire en baskets ou en tongs … Bon, je sens bien que j'ai abîmé une ou deux côtes, j'ai l'expérience des chutes à ski ou en escalade. Je ne suis pas prêt de rire ou d'éternuer. La poursuite du voyage me paraît jouable et le sera. Paracétamol matin, midi et soir. Le soir, quand tout le monde est couché, dans les toilettes, on est deux à recharger nos portables comme deux andouilles, le pompier bénévole qui s’inquiète pour moi, et moi qui prépare le parcours des jours suivants avec maps, cartes papier et météociel. Bonne nuit. Aïe.

Dimanche 8,
c'est reparti mon kiki, 11 heures, un dimanche de soleil sur la place du village de Saint-Martin, je ne suis pas tout seul, plein de motards … Double expresso, beignet à la framboise en terrasse. Je lézarde avant l'étape d'aujourd'hui. Puis je me pousse aux fesses et je pars vers Bolène pour attaquer le Col de Turini, paysages superbes à Bolène, je reviendrai. Et c'est la descente le long du Mercantour jusqu'à Sospel (petite ville adorable aux maisons colorées). Lacets, virages et courbes gracieuses, je ne m'ennuie pas. Plaisir. Il y a comice agricole à Sospel mais je ne suis pas très vache aujourd'hui d'autant que j’aperçois de gros nuages d'orage dans la direction où je dois m'engager. Je serais bien resté flemmarder à Sospel - soleil et jupettes - mais le ciel menace. Je m'engage vers le Col du Castillon et c'est la cata, pluie qui va s'intensifiant. Je me réfugie sous un arbre où deux cyclistes viennent s'abriter. Petite tenue et gros mollets. On commence à attendre sous notre arbre qui ne sert à rien, attendre, attendre, attendre ... et rien de neuf. On décide de repartir. Je rêvais de soleil pour cette étape qui doit m'amener à la Méditerranée, c'est très humide en fait. Dans les faubourgs nord de Menton, pompiers et flics, une moto est à terre, plus loin un cycliste est tombé. Je comprends ce qui se passe au premier feu rouge, mes chaussures patinent sur le bitume, comme sur de la glace ! En période de sécheresse, lorsqu’il ne pleut pas, les routes se 'salissent'. Un mélange de suies, de poussières, de carburants ou encore de particules de pneus forme une fine couche uniforme. Dès les premières pluies, l’eau qui s’y mêle rend la chaussée aussi glissante qu’une patinoire. Après la neige à l'Iseran, c'est le verglas à Menton. Je m'applique donc à conduire ma moto en ville, sous une pluie battante et continue. Tout au long de ma rando j'ai pu constater que systématiquement la météo changeait d'un coté de col à l'autre versant. Je me plaît à penser que le bord de mer influence peut-être la pluie … Bingo ! J'arrive au boulevard du front de mer et c'est le ciel bleu et la plage, les maillots de bain et les serviettes étendues sur un sable qu'on devine chaud. A quelques centaines de mètres près. Je n'y crois pas !!! Je pose la moto, je regarde le nord, ciel lourd, noir et menaçant. Je regarde vers le sud et tout disparaît, ciel limpide, mer bleue. « Et je regarde vers le nord, et je regarde vers le sud et tout disparaît avec mes certitudes ». Véronique Sanson je crois … Soleil en bord de mer, soit ! j'en profite pour rejoindre Nice par la corniche mais Nice ne m'attire vraiment pas. Du haut de mon perchoir je ne peux que constater les dégâts, ces maisons qui envahissent toutes les collines, des bagnoles partout, à tout touche, des milliers de maisons et de bagnoles, j'ai hâte de retrouver la montagne, je ne supporte plus les villes, celles des fonds de vallées, celles des bords de mer. Passé chaque col, on plonge vers une nouvelle vallée, vers une nouvelle ville … et chaque fois je n'ai qu'une hâte, c'est de repartir vers un col, repartir vers la montagne minérale. C'est cela la musique de ma randonnée. Je quitte Nice par le nord, vite, très vite, une voie rapide, lumineuse de soleil, voilà quelque chose qui me plaît, d'autant plus que rapidement la route Napoléon s'engouffre dans des gorges sauvages dans lesquelles je suis seul. Sont tous à Nice sans doute. J'ai choisi cet itinéraire pour un petit pèlerinage secret à Villars-sur-Var, à Malaussène, à Puget-Théniers et comme un couillon, par crainte de manquer d'essence - bonne excuse je pense – je file sans m'arrêter. Je ne me lasse pas de tous ces virages enchaînés depuis ce matin à Saint-Martin de Vésubie. Mais mes bras réclament une pause. Bivouac à Thouët-sur-Var, dans une sorte de camping – centre équestre – centre de soins. Thème de la Conquête de l'Ouest, ambiance cow-boy – indien, mobile homes déguisés en roulottes. Une femme m'indique un petit coin sympa où je m'installe et où je mets tout ce qui est trempé à sécher. Petit coin tranquille jusqu'à ce que trois pilotes de duccati allemands viennent s'installer dans le mobile home voisin. Comme seuls bagages, des bouteilles de vin en pagaille. Ils ont trinqué longtemps les bougres. M'en fout, c'est la vie !

Lundi 9,
je fais connaissance avec le cow-boy responsable des lieux. Il est fatigué, il traîne la patte, il boite, il est désabusé. Ils n'ont vu personne cet été dans leur camping et il doit gérer l'absence de la patronne qui s'est fait désarticuler les deux épaules. Ça ne doit pas être sympa du tout ce genre d'accident. Elle tenait deux chevaux avec ses deux mains derrière son dos et ils se sont énervés. Crac ! Crac ! Ravaillac ! Une journée de pluie est prévue demain sur toutes régions. Je me calerai deux nuits à Aubenas avant de partir vers l'Auvergne. Je poursuis ma route en traversant une Provence tristounette sous son ciel laiteux. J'attendais lavande et abeilles moi ! Petites routes sympa où je me perds et tournicote. Encore des virages, toujours des virages … Je traverse le Rhône à Montélimar, direction Aubenas. Aire de repos aménagée sur le thème de la romanité, fausse borne miliaire gravée. Réservation d'une piaule ce soir, pour s'abriter demain.

Mardi 10,
comme prévu, pluie. Je traînasse dans Aubenas. Bavette échalote seul dans une brasserie encore ouverte à 21h. Merci la ville.

Mercredi 11,
direction l’Auvergne où je vais découvrir de très beaux paysages de vraie montagne. C'est une surprise car je ne connaissais l'Auvergne que l'hiver sous la neige ou l'hiver sous la pluie. Et c'est reparti, tournicoti, tournicoton, ça tournicote ! Champeix, Saint-Nectaire, Murol, Sapchat, le Col de la Croix-Morand, le Col de la Croix-Robert. Orcival. Le lac Chambon, le lac du Guéry. « Ah la vache ! une vache ! ». A la sortie d'une belle courbe, je vais droit sur une vache qui avance paresseusement face à moi, sur la mauvaise file. Heureusement j'ai le temps de m'organiser, j'enlève plusieurs rapports mais pas trop pour ne pas faire de bruit, suffisamment si j'ai besoin de mettre la sauce (petit moteur), je me déporte sur le coté gauche de la chaussée et je m’apprête à la croiser, j'avance tranquillement, je la regarde au fond des yeux pour essayer de sentir si elle va rester sage ou s'emballer, mais il n'y a rien dans ses yeux de vache, en tout cas rien qui me parle. Je la croise pépère et je la quitte en me rabattant à droite, pépère. La même chose dans un virolo et il y aurait de la casse. Pour elle, pour moi. Je cherche une abbaye ruinée que je ne trouverai jamais. Les monuments religieux en ruine, fantômes de pierre moussue me fascinent. Route barrée, j'essaie d'attaquer par une autre route, route barrée. Une autre, route barrée. J'abandonne. A fureter comme ça je m’aperçois d'une chose c'est qu'en Auvergne il y a des montagnes, il y a des cols, il y a des virages et de très belles courbes et surtout, cerise sur le gâteau, le revêtement est superbe ! Ça me change du goudron rapiécé à la truelle des accès aux cols des Alpes.

Jeudi 12,
retour chez moi par l'autoroute et Romorantin. La rectitude est une bénédiction pour des bras qui n'en peuvent plus de pousser. Je déballe et j’étale tout ce qui était porté par la moto sur la pelouse brûlée du jardin – je n'ai rien emporté de trop et tout m'a servi ou presque – si, il m'a manqué des pansements et de la ficelle - que j'achèterai à Beaufort, un accident de couteau qui coupe, bidouillage avec un mouchoir en papier et du fil de sac poubelle - 1 clé de 24 et 1 clé Allen, si besoin de retendre la chaîne - 1 trousse de vissage, si besoin – du fil de fer - 1 pince multiprise, si besoin – 1 marteau pour les piquettes de tente – 1 petit bidon de gel douche amande pour la douche, la lessive et la vaisselle – des sacs poubelle de 10 litres blancs – mon anorak de ski noir à la con qui s'ouvre passé 130 km/h, on dirait batman – du dentifrice - mon gros pull marin marron tout vieux mais chaud et encore solide - 1 antivol symbolique jaune – 1 lampe frontale bleue - 1 briquet violet - des piles pour la lampe frontale bleue – 1 petit sac à dos rose – 1 brosse à dent verte - 2 stylos, 1 noir, 1 bleu - 1 sweat à capuche violet - 1 moto bandit 650 rouge, à injection, moteur trop petit, manque de couple, manque de souplesse – 2 tendeurs jaunes – 2 tendeurs verts plus longs - une mini lampe noire sur mon porte clé – 1 fourchette – 1 petite cuillère – 1 grande cuillère – ma carte vitale verte – 1 bombe anti crevaison - mon permis de conduire rose – 1 carte bleue – du fric – assurance – carte grise - 1 couteau suisse multifonction rouge – 1 couteau douk douk – 1 pierre fine pour affûter – 1 roman, dans la forêt – la moitié d'une éponge, face douce jaune, face qui gratte verte - 2 sacoches latérales souples et leur protection pluie – 2 « araignées » élastiques – des gros élastiques, si besoin – des mouchoirs en papier – 1 aiguille et du fil – mes médocs – du nescafé cappuccino – du nescafé noir - de la colle contact – des lunettes de secours – des clés de secours - du paracétamol – 1 poncho de pluie – des clarks neuves, 1 pied droit, 1 pied gauche – des tongs vertes – des grosses chaussures de chasse étanches, solides et rassurantes pour la moto – 1 rasoir et son gel de rasage, barbe difficile – 1 verre en plastique jaune – 1 petit réchaud bleu et les 2 casseroles qui l'enferment – 2 cartouches de rechange – 2 pantalons, 1 bleu, 1 noir – 1 gilet coupe vent matelassé bleu, excellent là-haut – 1 bonnet – un duvet chaud (0°) - une tente sarcophage bleue - 2 petites bouteilles d'eau – 1 réserve de noyaux de cerises pour s'occuper la bouche – 1 collant noir – 1 sur-pantalon protège pluie noir – des sur-bottes bleu marine et blanc – des gants de moto d'hiver – 1 torchon écru – 1 serviette de toilette rouge, pour la plage aussi – 1 ceinture car je vais maigrir et perdre mon pantalon et ça la fout mal – 1 badge de télépéage – 4 épingles à linge – 6 tee shirts noirs – un caleçon bleu pour l'hôpital, si besoin – 1 chemisette bleue pour la plage – 1 sac étanche bleu de 65 litres à Paul – 6 paires de chaussettes dont 2 de chasse – 1 taie d'oreiller pour se faire un oreiller avec tout le linge – 1 vieux blouson de cuir noir rapiécé pour la route – 1 téléphone pour les photos, la météo et le gps, fixé au guidon – 1 chargeur de téléphone – 1 batterie externe – 1 sacoche de réservoir bleue et sa protection de pluie intégrée – une pochette pour garder les protections de pluie à portée de main – un matelas de mousse et d'alu marqué Hélène -1 chiffon pour la mécanique, 1 sac congélation pour le ranger – et c'est tout. Et tout ça tient sur la moto !

Plaisir de partir, plaisir de rentrer. Randonnée incroyable, un retrait du quotidien, un retrait dans cette entame de retraite. Un voyage qu'il me faudra partager !

VoilĂ  qui est fait !

Merci aux courageux qui sont allés jusqu'au bout



 
Auteur : Vincent le 05/11/2020 11:24:11
140455R1 - .
Philippe,
Merci pour ce Guide Michelin !!!
Très beau récit ! À un moment donné j'ai même eu l'impression que j'étais avec toi !!!
Tu aurais pu poster une photo aussi !
Amicalement
 
Auteur : Moriganne le 05/11/2020 11:43:09
140455R2 - ...


Super récit, ça donne envie ! tu viens de condamner Bidouille à préparer le même road trip pour quand on sera déconfinés ! :p


 
Auteur : Lionel41 le 05/11/2020 11:48:40
140455R3 - Sur la route
sors de ce corps, Kerouac !
 
Auteur : cromagnon 07 le 05/11/2020 12:22:43
140455R4 - re
hello
il y' a encore de belles aventures a vivre en France .je lis en plusieurs fois comme un roman



 
Auteur : bidouille le 05/11/2020 14:08:59
140455R5 - :-)


superbe récit j'y retrouve quelques anecdotes vécues et des noms de lieux ou je suis passé dans les années 90 quand j'ai participé à un rallye touristique qu'un motard de Gap avait organisé (Alpamoto) avec une liqueur de Genépis offert par un grand père dans un vieille masure de St Véran qui restera gravé en mémoire

j'adore ton jeudi 12 et tout le déballage l'inventaire avant le départ ça vaut le coup aussi........en mètres carrés de trucs étalés dans le salon c'est impressionnant

pour ce partage


@ Moriganne, passe ta formation 125, trouve ta monture et l'an prochain on se fait un road trip de 3/4 jours




 
Auteur : philippe le 05/11/2020 15:01:46
140455R6 - ...
Belle rupture d'avec le professionnel que cette ballade lĂ  ! Merci de votre attention ...
 
Auteur : olive le 05/11/2020 18:57:20
140455R7 - 140455R6
Bonsoir Philippe
merci pour ce beau récit.
quand tu parles de Col entre le Télégraphe et le Galibier de quoi s'agit il??

Pour info la Bonnette est bien la plus haute route mais des Alpes, mais pas d'Europe.

Le Pico Veleta en Espagne Ă  3400 m d'Altitude est bien la plus haute route d'Europe

r.
 
Auteur : philippe le 05/11/2020 19:57:30
140455R8 - col
Vincent, impossible d'avoir été avec moi, y'avait plus la place pour un œuf ! Je vais poster quelques photos pour illustrer. Moriganne, tu m'étonnes que ça donne envie, j'en rêve encore ! Lionel, je ne t'ai même pas proposé, je voulais aller seul ... Oui cro, pas besoin d'aller bien loin pour prendre son pied, je suis bien sûr qu'en Ardèche y'a de la ballade virageuse, je n'ai fait que traverser vite fait. Bidouille, t'as vu le bordel à emmener ... et ça tient !! Merci pour la rectification Olive. Quant au col en question ... il s'appelle ''Le Col''... Je vais quand même aller vérifier tout ça !


 
Auteur : olive le 05/11/2020 21:01:51
140455R9 - 140455R8
Oui tu as raison, le Col n'est pas un col mais bien un petit hameau avant Valloire.
 
Auteur : cromagnon 07 le 05/11/2020 22:39:09
140455R10 - re
hello Philippe
chez nous y' a les gorges de l'Ardèche qui sont réputées et que les motards adorent mais c'est vite fait .après y'a plein de belles routes et de bons trajets pour faire des ballades . des fois nous partons en camping car a moins de trois heures de la maison rien que pour le plaisir de voir la nature et d'y passer une ou deux nuits sans le confort de la maison . si tu viens dans le coin fais moi signe



 
Auteur : philippe le 06/11/2020 09:19:19
140455R11 - ...
Cro, c'est noté


 
Auteur : le gaulois 26 le 06/11/2020 12:13:15
140455R12 - Heu...
Philippe,
le Gallibier et Le Télégraphe ce sont pas 2 cols différents vers Saint Jean de Maurienne??


 
Auteur : olive le 06/11/2020 17:41:37
140455R13 - 140455R12
En temps que 'régional de l'étape', je me permets de répondre.

La route du col du Galibier passe par le col du Télégraphe.
Le pied des ces deux cols est bien Saint Michel de Maurienne et non Saint Jean.
 
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